mardi 16 août 2011

Chapitre 50 : Quand on se rend soudain compte qu'on a oublié quelque chose d'important depuis plusieurs années...


Tic-tac-tic-tac-tic-tac.
Où vas-tu petite chose ? Retourne-toi, doucement... N’aies pas peur de moi, sens comme mes mots t’enveloppent d’une douce et fugace caresse... Regarde en arrière... N’as-tu pas perdu une partie de toi au bord du chemin ? 
Tic-tac-tic-tac-tic-tac.
Tu as beau te retourner et pleurer, l’horloge martèle, incessemment, dans ton coeur et ton esprit, le cours du temps. Tu ne feras pas demi-tour. Tu n’en as pas le droit. Tu peux toujours te débattre, je suis plus fort que toi. Mais c’est pour ton bien...
Pourtant de l’autre côté, le brouillard, opaque et menaçant, stagne insidueusement. Allons, assied-toi un moment, cale-toi contre moi et repose-toi. Tu as besoin de forces. Les pas que tu feras écorcheront tes pieds nus, et malgré la lancinante douleur, malgré la nécrose de tes poumons qui s’accentuera à chaque inspiration, tu continueras, trouvant un réconfort malsain dans les larmes pourpres qui s’écouleront de tes yeux vides. Tu me traineras derrière toi comme un boulet, dépendant, avide d’un mot comme d’un regard. Et puis un jour, je t’abandonnerai, je resterai sur le bord du chemin tandis que je laisserai la place aux vers, et tu seras seule, infiniment seule, comme au premier jour, comme au dernier jour, et tu continueras d’avancer. 
On ne lutte pas contre le temps.
Une fleur fane. Une autre s’épanouit à sa place. L’hiver dura quelques années, mais qu’importe ? Qu’importe si ta prose est malhabile et enfantine, qu’importe si les mots ne s’alignent plus de manière aussi fluide qu’avant, qu’importe si ces quelques paragraphes rédigés te semblent être la fange la plus exécrable... 
Ecris, petite Princesse, écris, et tout reviendra. Ecris, comme quand tu étais jeune, projette ton âme, dévore, tue et bâtis des cathédrales, le monde est à toi ! Et même si tu n’es pas satisfaite... Ecoute.
Tic-tac-tic-tac-tic-tac.
C’est le temps. Il pourra faire quelque chose pour toi.
N’aies pas peur, je serai toujours auprès de toi. Après tout, qui suis-je ? Ne suis-je qu’un animal de compagnie ou bien une partie de toi-même projetée dans un lapin un peu trop perspicace ?
Et si nous dormions tous les deux, ce soir ? On oublierait nos démons, et on remettrait nos peurs à demain...
Bonne nuit, 
Roméo
(PS : Drôle de soirée.)

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