mardi 7 juin 2011

Chapitre 37 : La minute psychologie

Débutons d'un point de vue tout à fait scientifique... (Maman déteint sur moi).
Darwinien, je dirais même.

Deux règles érigées par Darwin dans sa "Théorie sur l'évolution des espèces" :
1) L'évolution va dans un seul sens. Les bactéries ont donné les amphibiens qui ont donné les dinosaures qui ont donné les oiseaux (simplifions, simplifions). Les oiseaux ne donneront pas des dinosaures. Ca pourrait s'en rapprocher par le hasard, mais au vu de la quantité de gènes et d'allèles (des dizaines, voire centaines de milliers) possibles, la probabilité que la même combinaison tombe deux fois dans l'histoire de l'évolution est nulle.
2) L'évolution va en complexité croissante. On constate que les espèces les plus "simples" sont les plus anciennes : être unicellulaires, insectes, poissons.

Ainsi, l'évolution a vu se développer :
1) Le cerveau reptilien/primaire : il correspond à tous les mécanismes de survie (rythme cardiaque, température, respiration, ...), à l'instinct de survie (réflexes de défense), à l'instinct de conservation (reproduction, alimentation). Chaque évènement entraîne une réponse "pré-programmée".
2) Le cerveau limbique : commun aux mammifères, il correspond aux comportements instinctifs, à la mémoire et aux émotions. Qui dit mémoire dit apprentissage. Qui dit émotion dit affection, peur.
3) Le néocortex : commun aux espèces humaines (il fut un temps où il y en eut plusieurs), il est associé au langage, anticipation des actes, raisonnement logique. Attention, ça ne veut pas dire que les autres animaux ne savent pas communiquer. Simplement cette faculté est particulièrement développé chez l'être humain.

Ce que nous en tirons (et là, ça n'engage que nous). Nous pensons que les besoins physiques élémentaires de chaque espèce, dès le moment où elle est prise en totalité ou en partie en charge par l'homme, doivent être respectés (alimentation, espace, survie...). Une mention toute particulière aux espèces qui possèdent un système nerveux (donc peuvent ressentir la douleur) : aucune culpabilité à manger une huître ou arracher une fleur... Ecraser une souris ou un lézard, c'est autre chose. Nous pensons donc qu'il n'y a pas lieu de s'attarder à faire de l'anthropocentrisme sur des espèces qui n'ont pas le cerveau adapté pour ressentir le besoin d'attention, de l'affection ou un sentiment de solitude.
En revanche, pour les mammifères, nous pensons que dès lors que l'animal peut se sentir seul, mal aimé, triste, tout comme aimé, joyeux, il faut prendre ses besoins psychologiques en compte. C'est une partie trop souvent oublié des gens qui voient en un animal une "chose bête". Pourtant un chien pleure. Un chat déprime. Un lapin se mutile de désespoir.

Alors, merde, arrêtons de sous-estimer les animaux sous prétexte que ce ne sont que des bestioles ! Nous avons acquis (ou presque, mais ne chipotons pas) le respect des femmes. Nous avons acquis le respect des enfants. "Ce sont des êtres à part entière et ils doivent être considérés comme tels, comme leurs besoins physiologiques et psychologiques le demandent" (dixit, dans un style plus pompeux et moins approximatif, la législation française). Alors, acceptons que les mammifères, eux aussi, puissent avoir le droit à la même considération, même s'ils ne peuvent pas brandir de pancartes CGT.

Alors, peut-être des gens ne seront pas tout à fait d'accord avec nous. C'est vrai que Maman, émotionnellement, n'est pas sensible, et qu'elle sera en désaccord avec les protecteurs purs et durs qui penseront que faire un bisou à son serpent tous les soirs lui fait du bien. Elle ne veut convaincre personne. Elle expose son point de vue. D'ailleurs, elle ne le cache pas : elle se fiche totalement des poissons, insectes et reptiles. Ce qui l'intéresse : la psychologie. Humaine, oui, depuis longtemps. Animale, depuis peu.

C'est pour cela qu'elle observe mon comportement. Et si elle a fait une si longue introduction (qui n'était pas prévu, nous nous sommes laissés emporter), c'est qu'elle est heureuse de voir qu'en six mois j'ai changé.
1) La nourriture : je suis un goinfre. Je sais. Je me jette sur le foin, la gamelle, les friandises, le repas de Maman et tout ce qu'elle laisse tomber par terre et j'en mange jusqu'à la moindre miette. Aujourd'hui, et cela fait plusieurs jours que Maman le remarque, je laisse un peu de nourriture dans la gamelle. Je la garde pour plus tard, sans m'inquiéter qu'on me la prenne. Jusqu'à présent, elle considérait mon comportement obsessionnel comme faisant partie de moi... Mais est-ce parce que j'ai manqué de nourriture ? Que j'avais sans cesse peur qu'on me la prenne ? Sans doute.
Bilan : amélioration en cours.
2) La stérilisation : Elle m'a apporté beaucoup. J'étais loin d'être un "chaud lapin", comme on dit (mais attention, les mauvaises langues, ça ne veut pas dire que je ne sais pas assurer, eh oh !). Pourtant, depuis, je suis plus détendu.
Bilan : amélioration.
3) La confiance : J'ai toujours eu une apparence sociable. Le fait que je sois très curieux aide beaucoup. Pourtant, j'ai évolué également. Je me laisse caresser partout ; avant, j'adorais les caresses mais je n'acceptais pas sur le ventre, les pattes, la queue et les oreilles. Je m'allonge de plus en plus. Ce n'est pas encore la position plage/grenouille, mais ça vient. Maintenant, je ne saute plus sur mes pattes à chaque fois que Maman s'approche de moi ou fait un bruit (parfois mais plus tout le temps). Maintenant, il m'arrive de dormir même quand elle est là.
Bilan : amélioration nette, en cours. 
4) L'affection : J'ai l'air bien dans ma peau, mais certains signes de nervosité ne trompent pas. Quand je reviens de chez le vétérinaire, je surinvestis affectivement pendant quelques jours. Une manière de dire "Tu m'aimes, hein ? Ne m'abandonne pas !". Idem quand Maman s'absente longtemps (plus de 24h). Maman pense que ça viendra aussi avec l'arrivée de la Fée, qui me permettra d'avoir une compagnie rien que pour moi quand elle n'est pas là.
Bilan : pas d'amélioration pour l'instant.
5) L'obéissance : Je réponds très bien à mon nom, j'accours en courant. Je comprends également ce qu'on veut de moi dans la plupart des situations courantes : je comprends quand on me dit "On va manger ?", quand on me gronde, quand je suis dans la salle de bain et que je n'ai pas le droit (même si je fais semblant de ne rien entendre quand j'ai trop envie de piquer du foin dans le paquet), quand on est fier de moi.
Bilan : acquis.
6) La sérénité et la joie : Je m'allonge de plus en plus. J'ai même fait un flop hier ! Maman a halluciné. C'était son premier. Et la semaine dernière j'ai fait des bonds. Maman a eu peur au début, elle s'est demandé pourquoi je sursautais aussi fort (ahahah elle est bête !). La liberté totale a grandement aidé. J'ai pris mes habitudes : à présent, tous les matins à 6h, je fait des sprints pendant cinq minutes. Avant, Maman s'étonnait que je sois très mesuré en sortie. Sans doute que je n'osais pas, considérant que je n'étais pas réellement "chez moi". Maintenant, j'ai investi le terrain, je cours, saute. Je me crois tellement chez moi que je commence à grignoter le papier peint et les pieds de tables... Ca c'est pas bien, je sais...
Bilan : amélioration en cours.

Bilan général : 3  2  1 !!




Comme cet article est long... Si quelqu'un arrive au bout, je ne peux lui dire qu'une chose : Bravo ! Merci de ton intérêt, lecteur. Et sache que Maman et moi sommes très heureux !


   Roméo

2 commentaires:

  1. Au début, je pensais ne pas tout lire, en effet.. Mais finalement tu as une manière d'écrire et d'expliquer qui rend les choses tellement lucides que j'ai tout lu.. xD

    Je ne débattrai pas sur la première partie, mais je rejoins la plupart de tes points de vue. Quant à la partie consacrée à Roméo... Et bien ! Bravo Roméo ! Et bravo à Juliette, parce que cette évolution est possible grâce à elle ! C'est fabuleux, hein, de se rendre compte des évolutions ? ^^

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  2. Moi aussi j'ai tout lu : quand il s'agit de Roméo et que c'est passionnant : tout est possible ! li-lou

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